Quelques commentaires postés sur l'article Google: chiffres et questions de Francis Pisani :
- Si personne ne cliquait jamais sur les pubs Google, Google ne percevrait pas ces revenus colossaux. J’estime le nombre de clics à 1 à 2 pour 100 pubs affichées environ. Ce qui est peu, mais beaucoup compte tenu du nombre de pubs affichées.
- En outre, il ne faut pas oublier de distinguer entre mode de rémunération (paiement pour chaque clic) et objectif de la publicité. Si vous cliquez, l’objectif est pleinement atteint (vous amener sur le site de l’advertiser - l’avertisseur ? le publiciteur ?)... et encore, rien ne dit que vous allez acheter (ce qui est l’objectif final).
Mais l’entreprise a déjà atteint à moitié son objectif dès l’affichage de la pub sur la page (communiquer une information, dans le cadre de sa campagne), quand bien même vous ne cliquez pas dessus.
Le clic est un mode de calcul de la rémunération de Google, et aussi la “transformation de l’essai” dans la transmission du message publicitaire. Mais même l’essai non transformé participe à la transmission de ce message, et atteint partiellement son objectif (pour un coût nul pour l’entreprise, puisque Google ne sera pas rémunéré !).
- La pub à outrance est pénible. La pub bien intégrée peut aussi être un service utile (il m’est arrivé parfois de cliquer pour en savoir plus sur un bien ou service lié à l’information que je consultais ; le lien était pertinent et j’ai découvert quelque chose que j’ignorais et qui pouvait m’intéresser ; parfois évidemment ça tombe à côté de la plaque. Cette publicité ciblée me rend un service plus utile et plus efficace qu’une traditionnelle campagne de pub de masse).
- J’ajoute, et cela me paraît le plus important, qu’il n’y a aucun moyen de contrôler la sincérité des statistiques données par Google sur le nombre de pages affichées et le nombre de clics effectués. Google est en conséquence libre de fixer sa rémunération (comment vérifier les paramètres des enchères automatiques pour les espaces publicitaires ?) et il est difficile de contrôler la réalité de la prestation. La seule chose que contrôle un client de Google, c’est le montant maximal qu’il est prêt à consacrer à une campagne et éventuellement la réalité des clics s’il les mesure à l’arrivée et s’il est capable de les distinguer d’autres sources de trafic. La seule autre corde de rappel est l’existence de services concurrents (mais bien chétifs), et l’intérêt qu’a Google d’offrir un service réellement efficace.
- Le prestataire de services de Google (= celui qui loue de l’espace sur son site pour que Google y affiche des publicités) n’a aucun moyen de vérifier les stats données par Google sur le nombre de clics. On pourrait donc imaginer (mais Google est présumé innocent, évidemment) que Google puisse techniquement surfacturer ses clics à ses clients, et sous-facturer ses clics à ses prestataires (en minimisant le nombre de clics imputés au prestataire ou en minimisant la commission versée pour chaque clic). En outre, je ne connais pas (= on ne connaît pas ?) la clef de répartition des revenus entre Google et ses prestataires. Sur un clic, combien touche Google lorsque son prestataire touche mettons 10 centimes d’euro ?
Addendum :
- L'économie de tant de sites repose sur les revenus publicitaires. Et si Google coupait les vivres aux sites qui le critiquaient ? Et si Google omettait le site critique dans les résultats de recherches ? Il faudrait réviser toute l'architecture du site pour y intégrer des systèmes concurrents, moins rémunérateurs (jusqu'à preuve du contraire). Google dispose ainsi d'un pouvoir économique (qu'il exerce), mais aussi d'un pouvoir politique (qu'il n'exerce pas en Occident, mais qu'il exerce en Chine en collaborant à la censure exercée par le parti communiste chinois).
Lisez ou relisez 1984, de George Orwell !
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