2011-12-07

Un logo laid pour un beau projet




L'Université de Lorraine, lointaine descendante de celle créée en 1572 par Charles III, duc de Lorraine, et le cardinal de Lorraine, à Pont-à-Mousson, aurait semble-t-il choisi ce logo. On peine à le croire, tant sa laideur (choix des couleurs, pauvreté symbolique, jeu facile des lettres U et L formant un "u" minuscule) n'a d'égale que l'importance du projet pour la région. Le symbole est pourtant ce qui donne à percevoir ce que les yeux ne peuvent voir. Il ne sera jamais trop tôt pour que l'Université de Lorraine en change. Le "benchmarking", la recherche de l'excellence où qu'elle se trouve (selon un principe déjà mis en évidence par Montesquieu dans ses Considérations sur les causes de la grandeur des Romains), peut aussi s'appliquer, en matière universitaire, aux emblèmes. Voici, à titre d'illustration, ceux des cinq premières universités du classement de Shanghaï.

 https://upload.wikimedia.org/wikipedia/fr/thumb/3/34/Grand_Sceau_Harvard.svg/480px-Grand_Sceau_Harvard.svg.png           
https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/8/8a/University_of_Cambridge_coat_of_arms.svg/478px-University_of_Cambridge_coat_of_arms.svg.png


Comme on le voit, chaque université donne à voir par le symbole ce à quoi elle prétend ou aspire : vérité, liberté, sciences et arts, l'esprit et la main, lumière, connaissance. Un étudiant est autrement plus grandi de porter ces projets traduits par le dessin, plutôt qu'un rond noir portant les lettres U et L. À quoi aspire l'Université de Lorraine, projet qui nous est si cher ? Si elle le sait, elle n'a su ni le formuler, ni le représenter ; sa copie mérite une mauvaise note, et une session de rattrapage. La Lorraine n'a pourtant pas à rougir de son patrimoine (historique, littéraire, philosophique, graphique) en la matière. La faculté de droit de Nancy, par exemple, dispose d'un sceau élégant, qui aurait pu servir d'inspiration, par une sorte de métonymie. On aurait pu utilement consulter Paulette Choné, auteur d'un remarquable ouvrage : "Emblèmes et pensée symbolique en Lorraine". Et la France ne manque pas de bons héraldistes.

Lien 2013-01-06 : La vie brève et tumultueuse du nouveau logo de l'Université de Californie
Lien 2016-04-13 : L'enseignement supérieur français : une industrie sans marque et sans direction

2 commentaires:

Krazy a dit…

Les pattes m'en tombent ! je n'avais pas vu ce badge ridicule et voilà que je le découvre le soir de Noël ! On dirait une épluchure sous un bout de bolduc, mais il n'y a pas de hasard... Merci de citer mon humaine ! mais sachez que les décideurs nancéiens l'insulteraient plus volontiers qu'ils ne la consulteraient, allez savoir pourquoi... (On s'en fout, dirait Ignatz-Mouse) Signé : Krazy Kat, c/o Paulette Choné (http://leblogephemeredekrazykat.20minutes-blogs.fr/)

Marc Baronnet a dit…

L'ouvrage de Paulette Choné, Emblèmes et pensée symbolique en Lorraine 1525-1633 (Comme un jardin au cœur de la chrétienté) est pourtant passionnant. Comme, dans le même registre, celui de Nuccio Ordine, Trois couronnes pour un roi (La devise d'Henri III et ses mystères), aux Belles Lettres...