2019-12-16

Les angles morts de la culture française

Ci-après, une liste d'omissions, de trous, de manques, de béances, dans la culture française ou de langue française, qui sera complétée au fur et à mesure qu'ils seront repérés : des œuvres étrangères, reconnues au niveau international, mais non traduites ou non jouées en France, pour des raisons inexplicables – ignorance, négligence, paresse, idéologie, impécuniosité ?

François Ier et ses successeurs avaient compris le rôle indispensable de la traduction en français, pour la participation française à la république des lettres et la promotion même de la langue française. En se coupant de la circulation des idées neuves, Paris se provincialise...
  • Philip Glass, Akhnaten : opéra créé en 1984, jamais joué à Paris.
  • Friedrich von Hayek, La route de la servitude : la traduction française de 1946 aux PUF est obsolète, tellement approximative qu'elle en est fausse, et a besoin d'être totalement refaite ; en attendant, seule la version originale en anglais reflète la pensée de l'auteur.
  • Irving Janis, Victimes de la pensée de groupe : une étude psychologique de décisions et de fiascos de politique étrangère, 2e édition, 1982 : un concept important de la délibération collective et de la prise de décision dans le monde anglophone est totalement négligé dans le monde francophone, parce que l'ouvrage qui l'a identifié n'a, depuis quarante ans, toujours pas été traduit.
  • Tom Bingham, The rule of law : il manque une traduction en français de cet ouvrage de référence sur l'état de droit, testament d'un des plus grands juges britanniques, publié en 2010, prix Orwell 2011, traduit en espagnol en 2018 (El estado de derecho).
  • Henrik Berggren & Lars Trägårdh, Le Suédois est-il humain ? Communauté et indépendance dans la Suède moderne (Norstedts) : alors que la Suède est donnée comme "le" seul modèle pouvant rivaliser avec le "modèle français que le monde nous envie", les éditeurs français n'ont pas poussé la curiosité ou même l'intérêt jusqu'à traduire cet ouvrage "remarqué", publié en 2006, traduit en allemand en 2016, et traduit en anglais en 2022 sous le titre "The Swedish Theory of Love: Individualism and Social Trust in Modern Sweden".
  • Paul Collier, The Bottom Billion, 2007 : ce livre fréquemment cité explore les raisons pour lesquelles les pays pauvres échouent à se développer malgré l'aide internationale, mais apparemment ça n'intéresse toujours pas les éditeurs francophones.
  • Toby Ord, The Precipice (Hachette) : un essai du philosophe australien souvent cité dans les débats anglophones sur le risque existentiel qui pèse sur l'avenir de l'humanité, publié en 2020.
  • Walter Lippmann, Public opinion : ce livre n'a toujours pas été traduit en français, plus d'un siècle après sa parution en 1922.
Quelques exemples de l'attardement culturel causé par le provincialisme français :
  • Bilbo le Hobbit, de Tolkien, publié en anglais en 1937, a été publié en français seulement 32 ans plus tard, en 1969. Par un bel exploit de célérité, il a fallu "seulement" 18 ans pour traduire Le Seigneur des Anneaux (publié en 1954 en anglais, en 1972 en français).
  • Atlas Shrugged, d'Ayn Rand, publié en anglais en 1957, a attendu 2011 pour voir enfin sortir son édition française, soit 54 ans. Plus d'un demi-siècle ! Et encore, il s'agissait de traduire à partir de l'anglais, pas d'une langue rare !

Lacunes comblées :

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