2011-02-02

Coussin berlinois

Je me demande comment des communes peuvent encore installer des coussins berlinois rouges, en matière synthétique, et comment leur vente peut encore être autorisée... Par temps humide, ils n'offrent aucune adhérence... Il devrait être obligatoire de les retirer !

Aujourd'hui même, j'ai glissé dessus en scooter, sans avoir fait aucune manoeuvre intempestive. Résultat : je me suis blessé à la cheville. Et je découvre que la dangerosité de ces équipements est bien connue !

Lire ici : coussin berlinois - ralentisseurles exemples à ne pas suivre - le coussin berlinois : très glissant - coma après une chute - entre la vie et la mort - 2000 motards en colère - pour ou contre les coussins berlinois - Moto 94 - décret n° 94-447 du 27 mai 1994 relatif aux caractéristiques et aux conditions de réalisation des ralentisseurs de type dos d'âne ou de type trapézoïdal - produit qui est subventionné par le conseil général et la préfecture (!!!) - 

"Etant donné que que le coussin ne se dispose pas sur l'entière largeur de la chaussée, il laisse un espace de circulation sécurisé pour les deux-roues", prétend un fournisseur. Cela implique deux choses : d'une part, le coussin berlinois n'est donc pas sécurisé pour les deux-roues, qui doivent l'éviter... en roulant au milieu de la chaussée ou dans le caniveau ce qui est particulièrement dangereux ; d'autre part, si une automobile ou un camion arrive en face, où est l'espace de circulation sécurisé ? Le coussin berlinois devient alors un véritable obstacle : le deux-roues doit rouler dessus au risque de chuter ou stopper net ! En tout cas, avoir de telles surfaces sur lesquelles aucune manoeuvre n'est possible (ni freinage ni évitement) est un risque d'accident posé sciemment sur la route du deux-roues.

Ces coussins berlinois en caoutchouc ou en plastique devraient être retirés sans délai et interdits, s'ils sont même autorisés. Et après quelques recherches, je pense qu'ils sont tout simplement non réglementaires : cf. réponse ministérielle à la question écrite n° 56476 et n° 55273

"Les ralentisseurs de type dos-d'âne ou de type trapézoïdal sont des dispositifs de surélévation de chaussée destinés à modérer la vitesse des véhicules en agglomération, dans un but de protection des usagers vulnérables vis-à-vis des véhicules motorisés. Les caractéristiques techniques des ralentisseurs sont définies par la norme NF P 98-300, et leurs conditions d'implantation sont stipulées dans le décret n° 94-447 du 27 mai 1994. Le paragraphe 5.3 de la norme NF P 98-300 précise que le matériau dont est constitué le ralentisseur doit permettre la tenue de l'ouvrage dans le temps et avoir une adhérence compatible avec les vitesses pratiquées. De plus, les techniques de mise en oeuvre des ralentisseurs doivent assurer une parfaite solidarité de l'ouvrage avec la chaussée. Or les tests effectués en laboratoire ont montré que le caoutchouc vulcanisé ne répond pas à ces conditions, en particulier car son coefficient d'adhérence est inférieur à la valeur seuil minimale définie par la norme NF P 98-300. Lorsque le coefficient d'adhérence d'un matériau est faible, les véhicules peuvent glisser sur la surface constituée par le matériau et, par conséquent, le risque d'accident augmente. Ainsi, le caoutchouc vulcanisé ne répond pas aux exigences de la norme relative aux ralentisseurs, c'est pourquoi ce matériau n'est pas autorisé pour la conception de ces dispositifs."

"En cas de dommages imputables à un dispositif non conforme, la responsabilité civile du gestionnaire de la voie pourrait se trouver engagée, sur le fondement de l'article 1383 du code civil, pour manquement grave à une obligation réglementaire. De plus, la responsabilité pénale personnelle de l'autorité responsable de la sécurité de la voie pourrait être recherchée en application de l'article 121-3 du code pénal." dit par ailleurs la réponse à la question n° 13399.

Les fournisseurs continuent à diffuser leurs produits (exemple.pdf), sans mentionner ces éléments relatifs au manquement aux normes de sécurité du matériau, alors qu'ils vont jusqu'à fournir des modèles de lettres de demande de subvention (jusqu'à 80 % du montant !) pour les installer...

Il devrait être possible de demander au responsable de la voirie (ici, le maire) de retirer le dispositif non conforme, et en cas de refus, de demander l'annulation du refus en justice, en s'appuyant sur la réponse ministérielle et les textes qu'il cite, avec une demande d'injonction. Ce que je ferai dès demain... Je vous tiendrai au courant du succès ou de l'échec de ma démarche. Si cela fonctionne, il sera possible d'obtenir le retrait des coussins berlinois en caoutchouc dans toute la France...

Les laisser en place est vraiment irresponsable, alors qu'on sait pertinemment qu'ils vont causer la chute de deux-roues. C'est de la non-assistance à personne en danger...

Si vous aussi vous avez chuté sur un coussin berlinois, merci de raconter votre expérience en commentaire.

5 commentaires:

alboletono a dit…

Je compatis ! Je me suis cassé la figure en vélo sur ce type de ralentisseur ! Par beau temps, pas de souci, mais dès que c'est mouillé, une horreur, je l'ai découvert à mon insu. Heureusement, je me suis réceptionné sur le flanc et ne m'en suis tiré que pour quelques égratignures. Comble de chance, pas de voiture derrière moi, donc je n'ai pas fini sous des roues de voiture.
Bref, c'est une vraie honte d'installer ce genre de choses. Gamelle assurée pour un deux roues. Je pense que ça serait moins dangereux s'ils disposaient des clous sur la chaussée ;)

Anonyme a dit…

où en est votre procédure?

Anonyme a dit…

He oui, les coussins berlinois peuvent entrainer quelques déconvenues mais ils sauvent également beaucoup de vies. Si les conducteurs respectaient les zones 30, il n'y en aurait pas besoin. J'habite dans une zone 30 sans coussin ni dos d'âne, les voitures passent à plus de 80 km/h. bonjour le civisme.

Laurent de Brest a dit…

Le code de la route oblige tout conducteur, sur tout véhicule, à circuler en longeant le bord droit de la chaussée. L'implantation des coussins berlinois doit (normalement, mais était-ce le cas ici ?) être faite en respectant une distance latérale qui permet aux deux-roues, motorisés ou non, de passer sur le côté sans avoir à monter sur l'obstacle. Les deux-roues sont aussi tenus de respecter la limitation de vitesse. Les coussins berlinois ne sont implantés qu'en zone 50 ou moins de 50. Respectiez-vous la vitesse maximale autorisée ? Pouviez-vous passer sur la droite du coussin ? Si oui, pourquoi ne l'avez-vous pas fait ? Avant d'incriminer le dispositif, précisez bien comment vous vous êtes efforcés, vous-même, de respecter la loi. Après cela, les coussins en caoutchouc vulcanisé ne sont pas homologués. Mais il y en a d'autres type. En quoi est fait celui sur lequel vous avez glissé ? Il est trop facile de se précipiter dans le réflexe "les autres ont fait une bêtise". Commencez par argumenter sur votre manière de rouler en scooter dans ce secteur. Là, vous aurez (peut-être) plus de crédibilité.
Je signe, même si je doute que vous accepterez de publier ce commentaire...

Bernard du 59 a dit…

Effectivement, quand on regarde vos photos on peut voir que ces ralentisseurs sont en piteux état. Vous avez bien raison d'avoir pris les choses en main et d'en avoir demandé le remplacement !
Où en est votre procédure aujourd'hui?
Pour ma part, dans la ville où j'habite viennent d'être posés des coussins berlinois. C'était bien nécessaire, les limites de vitesse n'étaient jamais respectées. Le temps nous dira s'ils font leur effet !
Si vous voulez lire plus d'informations sur ce produit, je vous invite par ailleurs à lire cet article assez intéressant : http://www.sinoconcept.fr/blog/les-coussins-ralentisseurs-en-5-points/