"So long as they speak your name, you shall never die." (Tant qu'ils prononceront ton nom, tu seras immortel) écrivait Dan Brown dans Inferno en 2013.
Cette idée n'est pas nouvelle, et on trouve colportée sur internet cette fausse citation prêtée à Ernest Hemingway : “Every man has two deaths, when he is buried in the ground and the last time someone says his name. In some ways men can be immortal.” (chaque homme meurt deux fois, quand il est enterré et la dernière fois que quelqu'un prononce son nom. D'une certaine manière, les hommes peuvent être immortels). Cette citation n'en est pas une, puisqu'il est impossible d'en trouver la trace dans un texte d'Hemingway. On ne prête qu'aux riches !
Toutefois, ni Dan Brown, ni Terry Pratchett – à qui l'on prête une phase similaire en 2004, dont je n'ai pas pu vérifier l'authenticité : "Do you not know that a man is not dead while his name is still spoken?" (sais-tu qu'un homme n'est pas mort tant qu'on prononce son nom ?) – n'ont la primeur de cette idée.
Dès 1859, George Eliot (alias Mary Ann Evans) écrit dans Adam Bede : "Our dead are never dead to us until we have forgotten them." (littéralement, nos morts ne sont jamais morts pour nous jusqu'à ce que nous les ayons oubliés, ou dans un style plus français : nos défunts ne sont pas morts pour nous tant que nous ne les avons pas oubliés).
Mais cette citation ne fait-elle pas écho au verset biblique (qui a aussi donné son nom à Yad Vashem) du livre d'Isaïe (56, 5) : "dabo eis in domo mea et in muris meis / locum et nomen melius a filiis et filiabus: / nomen sempiternum dabo eis, / quod non peribit" (traduit ainsi par la Bible de Jérusalem : "Je leur donnerai dans ma maison et dans mes remparts / un monument et un nom meilleurs que des fils et des filles ; / je leur donnerai un nom éternel qui jamais ne sera effacé") ?